Google Transit et l'information des voyageurs en France

Cet article adapte l'excellent article de Tim Howgego intitulé "the implications of Google Transit in the UK" dont je vous recommande la lecture.
Après quelques rappels sur Google Transit et sur l'information voyageur en France, je conclue sur les effets de l'un sur l'autre !

Sur Google Transit

  • Google développe un service d'information sur les transports publics appelé Google Transit.
  • Ce service est déployé dans plusieurs villes aux Etats-Unis, en Europe et en France à Maubeuge et partiellement à Bordeaux.
  • Il est proposé aux internautes en complément de la cartographie Google Maps.
  • Ce service, comme la plupart de ceux proposés par Google, s'appuie sur un modèle économique alimenté par de la publicité.
  • Il est ouvert à toutes les autorités organisatrices qui souhaiteraient en profiter.
  • Il est gratuit pour les autorités organisatrices.
  • Il est sans contrepartie financière : Google ne propose pas de reversement aux autorités organisatrices en contrepartie des coûts associés à la production et à la mise à disposition des informations.

Sur l'information des voyageurs en France

En France, le transport public urbain, inter-urbain et régional, fait l'objet de contrats entre une autorité organisatrice (représentant la puissance publique) et un exploitant (produisant le service). Les autorités organisatrices sont par exemple : le Stif en Ile de France, le Sytral à Lyon, les Conseils Régionaux pour les TER...
Les exploitants sont parfois des régies : RATP à Paris, RTM à Marseilles, Tisseo à Toulouse... des sociétés d'économie mixte (SEM), souvent des filiales des grands groupes : Keolis, Transdev, Véolia... .
Historiquement, l'information des voyageurs est intégrée "implicitement" dans les conventions passées entre les exploitants et les autorités organisatrices. Cette prestation fait rarement l'objet de dispositions précises : contrat de niveaux de services, mesure de la qualité produite et perçue, intéressement. En conséquence, l'information sur les horaires et les itinéraires est présentée sur des sites hétérogènes et sous des marques locales comme Transpole à Lille, TCL à Lyon ou Twisto à Caen.
La tendance est à la prise de conscience par les Autorités Organisatrices de l'importance de leur rôle en matière d'information voyageurs en particulier pour organiser l'information multimodale à l'échelon des bassins de vie. C'est ce qui est fait en Ile de France avec transports-idf.com qui rassemble l'offre de la totalité des opérateurs en Ile de France.
La loi SRU identifie spécifiquement l'information multimodale comme une compétence des Conseils Régionaux. Cela n'a donné lieux qu'à quelques projets notamment en Pays de la Loire avec Destineo, Bourgogne avec Mobigo... Les conseils généraux ont souvent des sites présentant l'offre départementale. En Finistère, le Conseil Général a réalisé viaoo29 qui présente l'offre de l'ensemble des exploitants du département, y compris les réseaux urbains et le TER.
Plus récemment, plusieurs projets multimodaux ont été lancés et des consultations sont en cours comme en Rhône Alpes, Alsace, Limousin...

En conclusion

Google Transit pose la question des modalités d'accès par un tiers aux données : horaires, arrêts... qui étaient, jusqu'ici, détenues exclusivement par les exploitants. Google propose de les utiliser dans le cadre d'objectifs commerciaux qui lui sont propres.

Lorsque ce droit lui sera concédé, cela fera probablement jurisprudence. La question générale de l'ouverture des données publiques est un thème très discuté sur la toile, par exemple récemment sur Internetactu. Les données devront être fournies à l'ensemble des opérateurs qui en feront la demande. Ils seront nombreux! et opèreront sur des marchés différents : tourisme, immobilier, télécommunication mobile, médias... C'est une bonne très nouvelle pour le transport public ! Reste à généraliser des modalités pratiques et équitables de mise à disposition de ces données.

Google Transit crée une nouvelle classe de services aux voyageurs : audience mondiale, ergonomie universelle, intégration progressive avec l'ensemble de l'offre de Google : cartographie, services mobiles, contenu local.... Les sites des exploitants et des autorités organisatrices devront s'y mesurer ! La concurrence sera d'autant plus rude que Google contrôle une large part de l'audience Internet... Il existe, néanmoins, de nombreux axes de différentiation : fraicheur, précision et lisibilité des informations, information sur les situations perturbées, couverture et traitement de la multimodalité, réponses aux besoins spécifiques...

Last, but not least, l'impact économique de Google sur l'information voyageurs ne fait que commencer. Au delà de la bonne nouvelle du "service gratuit", les enjeux économiques réels du modèle publicitaire apparaitront avec le temps. Google sur la toile, comme JC Decaux dans la ville, devra continuer à innover pour préserver un modèle groupant les bénéfices de la publicité avec les coûts d'exploitation des services !

Rappelons, pour la bonne forme, que je suis DG de Canal TP qui est le leader français du calcul d'itinéraire en Transport Public. L'intégralité des systèmes français évoqués sur cette page utilisent NAViTiA le service d'information produit par Canal TP. Les positions évoquées dans cette article n'engagent que moi !

Localisation ouverte via opencellid ou Google Gears...

L'information de localisation permet de positionner le voyageur par rapport à un arrêt de bus ou une gare et de lui fournir facilement les informations qui lui manquent sur les prochains départs, les perturbations...
Pour une localisation précise, il faut un GPS, mais pour des services permettant de localiser "grossièrement" le voyageur, les identifiants des cellules GSM, repérées par l'ensemble des téléphones mobiles, suffisent.
C'est ce système qui permet à Google Maps sur mobile de donner une indication de votre position (en général avec une précision de 1000 m).
Deux systèmes permettent de penser que ces informations vont bientôt être utilisables par d'autres applications:
  • Google gears, dont on avait parlé ici (mais dont il faudra reparler car c'est une application importante), existe maintenant en version mobile. Curieusement, elle n'est disponible que sur Windows Mobile pour le moment ! Et il existe une API de localisation... Cette API permet, en principe, d'accéder à la même précision que Google Maps sur Mobile.
  • Pendant ce temps, les promoteurs d'8motions, dont on avait déjà parlé ici, ont carrément lancé un projet de base de données ouverte contenant les informations de localisation des cellules GSM : opencellID... Ce qui devrait, à terme, permettre à chacun de se monter son propre services. Pour les aider à localiser le maximum de cellules, téléchargez 8motions ou Watchee...
L'information de localisation est en train de s'ouvrir... L'information transport public aussi...

Clique, cascade, réseau virtuel et réseau réel....

Les réseaux qu'ils soient virtuels ou réels, les réseaux jouent un rôle important dans nos vies.
L'étude des graphes permet, par exemple, de trouver des itinéraires pour se déplacer dans le monde réel ou de comprendre comment se diffusent les informations sur le web.
Le développement des réseaux virtuels : blogs ou messagerie instantanée, constitue un formidable terrain d'étude, de mesures et d'expérimentations.
Jure LESKOVEC a travaillé sur ces questions, il a notamment étudié :
  • un mois d'échanges IM Messenger dans le monde entier, la publication est des résultats est ,
  • des mécanismes de fraude su eBay, où un petit groupe de complice, une "clique", augmente frauduleusement leurs recommandations avant de s'attaquer à leur victime,
  • les mécanismes de diffusion d'information "en cascade" sur les blogs.
Outre les conclusions intéressantes qu'il présente dans la vidéo ci-dessous, il a pu appliquer, avec un certains succès, les enseignements issus des réseaux virtuels à des réseaux réels. Il s'agit notamment de propagation d'épidémie, ou d'optimisation des réseaux d'eau. Rien sur les réseaux de transports pour l'instant, mais on peut imaginer que l'étude des cascades puisse aussi s'appliquer aux mécanismes de gestion des perturbations. CiTysense by Sense Networks
La société Sense Networks explore, elle aussi, les connexions entre réseaux physiques et virtuels en proposant Citysense : un service permettant de visualiser les points chauds de la ville et les endroits où il y a plus ou moins de monde que d'habitude. Les données proviendraient de l'exploitation des traces GSM laissées par tous les porteurs de téléphones ! De là à prévoir le trafic avec une précision inédite il n'y a, peut être, qu'un pas...

Google Transit sur mobile

Un petit mot pour relayer cette annonce. Google Transit semble disponible sur mobile. Pour le moment je n'ai pas réussi à le tester... Mon N95 n'est peut être pas compatible, ou la version française n'est peut être pas prête, ou je suis fatigué En fait la V2.2 ne semble pas disponible en français ! Un point de détail, la vidéo annonce aussi une fonction intéressante : la possibilité d'obtenir le dernier horaire de la journée... A discuter !

Sport Tracker : publiez vos déplacements en temps réel

Sport Tracker LiveCastingSport tracker est une application pour téléphone mobile équipé de GPS qui permet de mémoriser un itinéraire et quelques informations complémentaires comme la durée, l'altitude, la vitesse...
L'idée de départ est de permettre aux joggeurs, cyclistes et autres skieurs de mémoriser leurs parcours préférés, de les partager avec leurs amis et de comparer leurs performances sur un même parcours.

Nokia Sport Tracker
Un certain nombre de GPS possèdent une fonction "logger" qui permet de mémoriser l'itinéraire, puis de le partager sur un site Internet. C'est par exemple ce que propose NavX ici.
L'intérêt de Sport Tracker est que vous pouvez transmettre votre position "en direct" sur le site http://sportstracker.nokia.com. La fonction s'intitule live sharing. Les itinéraires "publics" sont ici. Cliquez sur ceux pour lesquels la date est "now" et regardez la progression de l'émetteur en temps réel !

Ce type de service ne va pas se limiter à l'observation des sportifs, mais probablement s'étendre à bien d'autres activités liées à la mobilité. Une des facteur clés de succès est la pertinence des fonctions de partage de l'information.

Pour le moment :
  1. Sport Tracker propose trois niveaux de partage : pas de partage, partage avec vos "amis", diffusion publique. C'est un peu sommaire et on souhaiterai pouvoir personnaliser plus finement.
  2. Le Live Sharing n'est utilisable que sur le site Sport Tracker. Une API ouverte permettrai de partager l'information avec d'autres applications.
FireEagle propose une solution à ces deux limitations, mais pour le moment FireEagle et Sport Tracker ne sont pas compatibles.