Hackathon des cheminots : 1 témoignage et 4 conseils

En mai, je m'étais investi dans l'organisation du premier Hackathon Transilien Le week end dernier 20, 21 octobre 2012, je suis passé de l'autre côté, et ai participé au Hackathon des cheminots en tant que concurrent. 

L'expérience a été encore plus enrichissante !

Là aussi beaucoup de belles rencontres, avec des gens motivés, impliqués dans leur métier et leur entreprise, venant d'horizons différents : développeurs, graphistes, mais aussi opérationnels, agents des gares ou des trains....

Ce Hackathon "interne", réservé aux salariés de SNCF a permis de  rassembler des compétences  ferroviaires en plus des compétences en développement. Au total, 6 équipes qui ont produits 6 prototypes intéressants, l'expérience est concluante.

Mon équipe n'a pas gagné, mais je suis quand même très fier de notre concept de dashboard de l'information, et avec un peu de chance, on arrivera à en faire quelque chose un de ces jours !



Voici, à chaud, et pour m'en souvenir lors du prochain Hackathon, quelques enseignements... 

K.I.S.S.
Keep It Simple Stupid : j'avais bien sûr envie de montrer plein de choses et d'expliquer toutes les possibilités... C'est une erreur si cela rend votre présentation indigeste. 
Mieux vaut se concentrer sur une fonctionnalités clé et la présenter de façon impeccable que de lister tout ce qu'on pourrait faire à partir de cette idée. Faites confiance au jury et stimulez son imagination avec une réalisation qui ouvre des possibles.

Vendez votre idée ou vos compétences
A moins que vous n'ayez déjà constitué votre équipe, vous allez devoir en chercher une. Pour cela il va vous falloir convaincre et si possible rassembler les partenaires les meilleurs et les plus complémentaires. Réfléchissez à la façon dont vous allez vous présenter et, éventuellement, à la façon dont vous allez présenter votre idée en quelques mots bien trouvés au début du hackathon. 

Rassemblez les bonnes compétences
Essayez d'avoir une idée claire sur le type de compétences que vous recherchez. L'équipe idéale rassemble, en général, un développeur "back end", un développeur "front end", un designer, un graphiste. Si il vous manque des compétences, vous devrez vous appuyer sur les mentors. Si vous avez plusieurs équipiers avec les mêmes compétences, vous devrez faire attention à la cohérence global de ce que vous construisez et éviter de superposer les réalisations.


Gérez la fatigue
Je n'ai plus vingt ans, et ce Week End je m'en suis bien rendu compte. J'ai eu du mal à rester concentrer 12 heures dans un environnement bruyant, rempli de gens intéressants et sympas. Je suis rentré à la maison pour passer une bonne nuit, mais malgré cela, j'ai eu un "passage à vide" dimanche en fin de matinée. Mieux vaut ne pas trop ce mettre dans le rouge et garder un peu de lucidité pour la fin. Cela veut aussi dire qu'il faut essayer de faire le plus dur au début, en l’occurrence le samedi, notamment pour la partie développement !

Profitez des mentors
Les mentors, si il y en a, peuvent venir aider votre équipe, aussi bien pour améliorer la présentation, débloquer vos développements ou donner un peu de classe à vos graphismes. Non seulement ils vous aideront, mais surtout, ils vous passeront un peu de leur savoir faire.
Ce Week End, j'ai notamment bien profité de Christophe Tallec designer de service, talentueux, fondateur d'Utilisacteur, qui nous a énormément aidé sur notre présentation. Pour la partie développement, (si, si j'en au profité pour développer un peu) j'ai bénéficié des conseils de Pieter (Open Knowledge Foundation et iRail) et de Geraud Mathé... Cela rend modeste !

Pour le souvenir voici quelques photos :

4 questions sur les Google cars, la ville et les données

Vous avez sans doute entendu parler des voitures "sans conducteur" développées par Google. Elles ne constituent pas un phénomène isolé. De nombreux autres industriels ou laboratoires font des annonces relatives à des véhicules autonomes à basse vitesse, à de la conduite en cohorte ou à des véhicules capables de se garer seuls. Google semble néanmoins en pointe et vient d'obtenir le droit de faire rouler ses véhicules sur la chaussée dans plusieurs états aux USA. A ce stade, les véhicules doivent être opérés par un conducteur capable d'intervenir en cas d'urgence et un ingénieur copilote capable d'intervenir sur le système de pilotage automatique.
Ce phénomène semble, néanmoins, important et porteur de tendances lourdes, le blog Transports du futur y consacre un article très juste et complet.
Il m'a semblé intéressant de partager quatre questions avec vous, n'hésitez pas à me faire part de vos avis en commentaires :

Comment seront elles partagées ?
Le modèle du véhicule autonome exprime sa valeur lorsqu'il est partagé : utilisé par plusieurs voyageurs, mais aussi géré en flotte intelligente. Il optimise ainsi l'offre en fonction des demandes et des contraintes liées au trafic routier, mais aussi à l'offre des autres modes : trains métros; aux éventuels péages urbains, au stationnement, à l'énergie, à l'entretien... Enfin, comme le montre la vidéo ci-dessus, ces véhicules peuvent permettre l'accès à la mobilité pour des catégories qui en sont aujourd'hui privées.
Reste à savoir quels seront les modes de partage et autour de qui se syndiqueront ses flottes. Collectivités locales ? copropriétés mutualistes ? ou plus probablement opérateurs privés : fabriquant automobile, opérateurs de transports, acteurs de l'internet ? Les questions de responsabilité, de sécurité, de confiance sont, bien entendu, essentielles et peuvent retarder l'adoption de cette technologie.

Quelle ville densifieront-elles ?
En s’affranchissant au moins partiellement du stationnement et en contribuant au partage des infrastructures, les voitures sans conducteur permettront de densifier la ville. Mais la ville dense constitués "d'ilots" à dimension humaine, dont réve Kent Larson, s’accommode plutôt d'une combinaison de modes doux : marche, vélos et de modes lourds : métros, tramways. Les Google Cars pourraient, au contraire, rendre possible un étalement urbain à très grande échelle... Ces voitures, auront elles la capacité à faire évoluer les densités actuelles ? Dans quelles proportions ? Quelles seront alors les conséquences sociales et économiques de cette densification ? Y a t il, notamment, à cette occasion des risques de fractures sociétales ou territoriales nouvelles ?

Seront elles durables au plan énergétique ?
L'efficacité énergétique du véhicule autonome n'est pas une évidence. Le rapport poids du véhicule/capacité d'emport n'est pas amélioré. Le contact roue/route non plus et sur ces deux critères les modes lourds : trains, métro, trams... peuvent garder un avantage. 
A contrario, on peut aussi considérer les gains importants qui pourraient résulter d'une conduite optimisée, voir d'une disparition des arrêts actuellement liés aux embouteillages et à la signalisation (feux, stop...).  
Enfin, le système semble finalement capable de s’accommoder de véhicules différents préservant, ainsi, une capacité d'innovation et d'expérimentation qui fait défaut aux modes lourds. Ainsi les Google cars pourraient rester durablement à la pointe en matière d'énergie et peut être un jours devenir plus "durables" que les transports de masse.

Qui en captera la valeur ?
Lors du lancement récent d'IOS6, Apple a choisi de se passer de Google Maps comme service de cartographie par défaut sur l'iPhone. La cartographie "Apple" a déçue les utilisateurs à tel point son CEO Tim Cook a présenté des excuses publiques et qu'on a parlé de "mapocalypse". Cet évènement illustre l'avance, apparemment insoupçonnée, que Google a dans le domaine de la cartographie et de l'information géographique.


Cette avance vient de loin. Divers analystes ont insisté sur la maîtrise du cycle de vie des données : collectées, comparées, corrigées, évaluées... qui sous tend cette avance et qui ne se limite, d'ailleurs, pas aux données géographiques. Elle s'étend aux données de recherche sur Internet et à la capacité de prévoir les tendances (ou les épidémies) qui va avec, aux livres, aux brevets, et bien sûr, aux données personnelles, sociales et de mobilité de millions d'utilisateurs de gmail, Google Maps ou d'Android....
En outre, il ne s'agit pas de données statiques, mais de données constamment utilisées, évaluées et enrichies par des millions de personnes et de capteurs.
Cette maîtrise des données et de leurs usages constitue un socle irremplaçable pour des services de mobilité optimisés et différenciant. Constructeurs et opérateurs doivent s'y préparer, sous peine de devoir, demain, rejoindre Apple dans la foule des victimes de Google.