Avenir des points de ventes et technologies numériques

En matière de vente, le virtuel semble enfin se mettre au service du réel, si on en croit l'accélération des offres faites par les acteurs du numérique pour équiper les points de ventes. En voici une petite sélection :

Paypal annonce un partenariat avec Revel Systems une entreprise  qui propose des apps iPad, et du hardware (balances, monnayeurs, imprimantes, caisses...) spécialement adaptés à l'équipement des points de vente. Ci dessous une vidéo de la solution "épicerie" de Revel.

Ce partenariat n'est pas isolé et Paypal a, par ailleurs, récemment mi en test Beacon une solution de paiement utilisant Bluetooth LE et permettant aux clients munis d'un smartphone de régler leurs achats dans les boutiques équipées.Avec Beacon, vous vous approchez de la caisse, et vous pouvez "payer" sans sortir ni portefeuille ni même votre téléphone portable... Encore plus rapide que ce que propose la version actuelle de l'application ci-dessous !

Le français Ventes-privées.com vient de lancer lepass.com une application mobile qui vous informe sur les bons plans dans les enseignes physiques autour de vous.

Last but not least, iBeacon (ne pas confondre avec le Beacon de Paypal) propose des petits modules Bluetooth LE qui permettent de proposer du contenu contextuel (ie localisé, personnalisé) avec des d'usages typiques dans les magasins, les restaurants et les boutiques.



Reste à voir si ces technologies vont rencontrer les usages qui leur correspondent et si les modèles économiques qui vont avec vont séduire les commerçants, restaurateurs... Si c'est le cas, la transposition de certaines de ces technologies dans l'univers des transports, que ce soit pour proposer de l'information contextuelles dans les gares et aux arrêts où les trains et les bus; ou pour proposer de nouveaux moyens de paiement et des équipements pour les postes de vente ou de services après vente... s'imagine aisément.  

Uber, Get Taxi, Embark : de l'actu pour un mois d'août !

Voici une sélection de quelques news découvertes au retour de vacance. Le moins qu'on puisse dire c'est que l'actualité des services d'info mobilité n'a pas connu de pause.

Google, les autres acteurs du numériques ou les fonds d'investissement poursuivent leurs efforts pour construire des services d'information pour les déplacements :

  • Google Maps intègre maintenant des informations produites par Waze (suite au rachat de Waze par Google), 
  • et on annonce une importante prise de participation de Google dans Uber l'une des entreprises les plus agressives sur le marché de la "location de véhicule avec chauffeur sur des courtes distances" ou du "covoiturage professionnel" ou du "taxi dérégulé".... 
  • la "start up" Get Taxi vient de réaliser une levée de fond de $12M sur le même marché et dispose de plus de $40M de financement à l'issue de cette opération.
  • Pendant ce temps, et après avoir acheté HopStop en juillet, Apple semble être en train d'acheter Embark, une autre application d'information sur le transport public fonctionnant dans une demi douzaine de métropoles américaines.  

On parle aussi de Tranquilien et la stratégie Open Data de SNCF ! Mais pas n'importe où : sur Click l'émission de la BBC consacrée au Transilien, animée par  Gareth Mitchell et Bill Thomson (je suis fan).

Induct Technology (une société française) poursuit ses projets de "transports publics sans chauffeur" avec son produit Navia qui est maintenant expérimenté à Singapour.

Données ouvertes et données utiles

Les derniers à résister à l'ouverture des données sont en général les premiers à en attendre des "résultats concrets". Ceux qui subissent l'Open Data demandent immédiatement : où sont les multiples applications innovantes développées à peu de frais pour l'entreprise ou la collectivité ? quel est le modèle économique ? ces données ouvertes ont elles une utilité économique ? 

Voici quelques pistes pour évaluer et si possible augmenter l'utilité des données ouvertes.

Savoir ce que vous en attendez
Il n'y a pas de vent favorable pour le bateau qui ne sait pas où il va. L'ouverture des données peut servir plusieurs objectifs : assurer la conformité réglementaire, améliorer l'image de votre organisation, catalyser la co-création d'apps ou de services, informer vos clients ou vos administrés, focaliser vos ressources sur vos missions essentielles, servir la stratégie de plateforme de votre organisation, attirer des partenaires...
Toutes les données ne sont pas bonnes à ouvrir, une ouverture subie ou mal maîtrisée peut menacer vos revenus ou augmenter les risques de désintermédiations. Il est nécessaire de choisir les données ouvertes, les modalités d'ouverture : licences, documentation, API ou fichiers, fréquences de mise à jour, volume et représentativité des données ouvertes... en fonction de vos objectifs et de proportionner vos attentes aux moyens mis en oeuvre.

Soigner l'animation
Il ne suffit en général pas d'ouvrir des données (ou quoique ce soit) pour que les ré-utilisateurs (les clients) se pressent au portillon.
L'animation des communautés visées, la prise en compte des remarques éventuelles sur la qualité de vos données, l'animation interne et externe, la documentation, le cas échéant des exemples d'utilisation... sont des ingrédients importants du succès. Les hackathons et autres concours sont des temps forts et visibles, mais l'écoute et l'appui au quotidien sont indispensables comme l'expliquait le MassDOT dès 2009.


Prendre en compte les effets internes
L'ouverture des données est rarement "neutre" du point de vue des processus et des outils de production habituels de l'entreprise ou de la collectivité. Il est rare, par exemple, que le processus d'ouverture ne soit pas l'occasion d'améliorer la ré-utilisation en interne. L'ouverture est naturellement un moyen efficace de développer la culture des données dans l'organisation. Ces gains de productivité ou de qualité, dans la durée, peuvent être significatifs.

Evaluer sur un temps long (12 mois au moins)
L'utilité de l'open data ne s'apprécie pas dans les jours qui suivent l'ouverture des données et elle n'est pas automatique. Il faut un temps pour que la "communauté" repère les données, se les approprie, puis commence à les utiliser. Il faut encore un peu de temps pour certaines réalisations deviennent visibles.
En outre, une large part de l'utilité est conditionnée par le développement de nouvelles coopérations entre l'entreprise ou la collectivité "ouvrant" et les "communautés" réutilisant. Les conséquences de ces nouvelles coopérations et les bénéfices internes qui en découlent, sont perçus lorsque l'organisation s'adapte. Or le temps de la transformation, en particulier dans les grandes structures, est un temps long.

Ratisser suffisamment large
L'utilité des données ouverte est liée à la force de la communauté qui va s'en saisir. Pour mobiliser et développer une communauté importante vous pouvez utiliser les réseaux sociaux et faire de la pub mais mieux vaut proposer une offre excellente et  à "large bande".
  1. Une stabilité sur une bande de temps large. Le temps que les ré-utilisateurs vont consacrer à vos données est précieux. Il est nécessaire de sécuriser leurs investissements en garantissant une certaine stabilité dans la publication des données (fréquences, format, qualité...). Cette stabilité attendue par ceux qui ont déjà développé leurs applications s'oppose parfois aux demandes d'évolutions et d'innovations venant de ceux qui n'ont pas encore la matière première suffisante pour développer la leur... Tout est donc question de mesure ! Les évolutions importantes voir la fermeture d'une API doivent être annoncées longtemps à l'avance pour permettre aux développeurs d'anticiper et garder leur confiance.
  2. Un niveau de service (et de prix) à large bande. Malheureusement il y a peu de miracles, les ré-utilisateurs doivent trouver des clients pour pouvoir vivre et faire vivre leurs applications... Il faut le comprendre et les aider via une offre adaptée aux besoins des clients des ré-utilisateurs ! Si pour certains la gratuité de l'accès est une condition sine qua none, pour d'autres, la qualité du service, sa tenue à la charge peuvent être des exigences fortes pour lesquelles un contrat avec Service Level Agreement payant sera nécessaire.  
  3. Des données à large couverture. La force de la communauté est directement liée à la couverture de données. On salue l'initiative de Thierry Verdier qui a développé Ma ligne C sous Windows 8, sur les seules données du RER C ouvertes par Transilien en 2012, mais il faut attendre une ouverture plus large de données pour mobiliser plus d'utilisateurs potentiels, et plus de développeurs. A l'inverse, JCDecaux, a ouvert, certes tardivement, mais dans une vingtaine de métropoles d'un coup ! Voilà une zone de chalandise intéressante parce qu'elle est suffisamment large. 
Designez vos API
Les promoteurs de l'open data au sens strict privilégient la mise à disposition  de "données brutes" sur l'ouverture d'API. En pratique, néanmoins, certaines données sont plus "utiles" si elles le sont sous forme d'API. Dans le domaine du transport, par exemple, l'ouverture des données "temps réel" passe par la mise à disposition d'API. L'ouverture des données théoriques peut être faites via des fichiers statiques (typiquement au format GTFS), mais les complexités métiers de ces données, font que certains développeurs préféreront  utiliser des API comme celles proposées par Transilien ou celles de navivitia.io (une initiative intéressante qui mériterait d'ailleurs un article dédié).
Les API présentent aussi le mérite, du point de vue de l'organisation qui ouvre, de constituer un lien pérenne avec les communautés ré-utilisatrices.
Les API sont certes des objets techniques, mais les considérations de design sont extrêmement importantes. Des API bien conçues seront découvertes, comprises et utilisées aisément par les développeurs. Elles doivent être à la fois simples pour être faciles à utiliser, mais suffisamment flexibles pour ne pas contraindre les développeurs quelques soient leurs objectifs applicatifs.
Twitter, par exemple, propose trois niveaux d'API avec des rapports complexité/flexibilité différents.
D'une part des API très simples permettant de "citer un tweet" ou une Timeline.
Cette API est très simple, mais elle ne permet pas d'accéder aux données détaillées du tweet (par exemple les caractéristiques du compte de l'auteur). L'API rest le permet, mais son utilisation est un peu plus complexe. Enfin pour ceux qui seraient tentés d'analyser non pas un tweet, mais véritablement un flux de tweets à la volée, l'API streaming est nécessaire. L'ensemble de ces API est naturellement copieusement documenté et commenté sur le site de Twitter mais aussi sur diverses autres ressources techniques.
Des entreprises se spécialisent dans l'assistance à la conception d'API. Apigee, qui en fait partie, propose de  nombreuses présentations sur le sujet.

Cet article fait partie d'une série "post open data" introduite par Open data dans les transports en Île de France : et après ?

Google I/O : quelques annonces pour le transport public

Cette année, la conférence annuelle des développeurs Google I/O a surpris les observateurs par sa densité et le très grand nombre d'annonces. La stratégie de plateforme de Google en fait un acteur dominant sur de nombreux marchés et cette conférence a été l'occasion de faire la démonstration de la cohérence de cette stratégie sur l'ensemble des supports et sur un grand nombre de technologies clés.

La démonstration la plus parlante de cette cohérence me semble être la démonstration de Google Now (juste au début de la 2ième heure de la conférence de lancement) : les fonctions de calcul d'itinéraire, de recherche, de réservation pour les vols ou les hôtels... sont parfaitement intégrées et bénéficient des fonctions de recherche vocale et prédictive développées par Google.

Voici une sélection des annonces les plus marquantes spécifiquement pour le domaine de la mobilité : la cartographie indoor, l'API de détection de l'activité de l'utilisateur [comprendre : de son mode de déplacement] et diverses autres annonces facilitant la vie des développeurs.

La cartographie indoor
Google est désormais capable de cartographier l'intérieur des centres commerciaux y compris sur plusieurs étages. Les efforts de Google en la matière portent sur plusieurs fronts :

  • précision de la localisation indoor, qui serait actuellement en moyenne de 8m grâce à l'utilisation de l'API de localisation "haute précision" de Google, 
  • les outils permettant aux utilisateurs de contribuer (notamment pour enrichir et tenir à jour ces plans détaillés),
  • et les API pour que les développeurs créent des applications. 

Les difficultés évoquées par Google sont :

  • d'abord l'accès aux données dans des espaces privés, 
  • les difficultés de localisation et les performances insuffisantes du GPS notamment pour déterminer l'étage auquel vous vous trouvez (Google évoque la possibilité de mesurer la pression atmosphérique). 

A la minute 19, dans la vidéo ci-dessous, se trouve un exemple d'usage sur une gare de Tokyo avec des indications de guidage d'un quai à un autre.

Les explications techniques montrent comment Google propose aux utilisateurs non seulement de cartographier les lieux mais aussi de les aider à renseigner les outils de géolocalisation (en collectant les données WiFi, GPS, GSM et les autres capteurs de votre téléphone : accéléromètre, boussole...) pour proposer un service de localisation de haute qualité.

La localisation indoor est proposée comme une API pour les développeurs Android et cela ouvre d'immenses possibilités pour des applications nouvelles dites "contextuelles" (comme Google now)  qui tiendront précisément compte de l'endroit où vous vous trouvez.

Google expérimente ces applications utilisant les fonctions de localisation avancées dans le cadre du "projet Niantic" avec le jeux Ingress et le guide Field Trip.

La détection de l'activité
Google Maps Android API propose une nouvelle API détectant votre "activité". Elle détecte le mode de déplacement que vous utilisez parmi les quatre suivants : marche, vélo, véhicules, au repos, sur place... Cela est expliqué à partir de la minute 27 de cette vidéo qui évoque aussi les fonctions de geofencing qui peuvent aussi trouver une réelle utilité dans l'univers du transport... Toujours dans la même vidéo, vous trouverez une démonstration de la fonction "smart camera" de Google Maps sur Android qui utilise aussi les capteurs et qui permet de visualiser la carte du territoire qui vous entoure en déplaçant votre tablette comme une caméra.

Google enrichie et met en cohérence son offre à destination des développeurs.
Les technologies proposées permettent de coder rapidement des applications avancées en masquant la complexité de certaines fonctions. C'est par exemple le cas pour :
  1. Les fonctions d'authentification et de gestion de l'identité de vos internautes. Elles permettent d'offrir une expérience cohérente sur votre site internet et sur votre application Android, par exemple en décidant d'installer l'application sur son mobile à partir de votre site ou en retrouvant ses préférences définies sur le site dans l'application.
  2. La gestion du BlueTooth sur vos applications mobiles et de la nouvelle génération dite BLE pour Bluetooth Low Energy ou Bluetooth Smart
  3. Le gestion des interfaces sur différentes plateformes : mobile, tablettes, PC, TV connectées...
  4. Les services de paiement du Google Wallets qui s'enrichissent de "wallet objects". Des objets facilitant la création de services de couponing ou de cartes de fidélité...
  5. Plus généralement, un outil de développement sur Android promet d'augmenter la productivité des développeurs. De nombreux services complémentaires notamment en matière de statistiques d'usage sur les applications mobiles, de "tests AB" sur ces applications (qui permettent de tester différentes versions de votre application avant d'en généraliser le déploiement) doivent permettre d'améliorer la performance de vos applications.
Et vous ? avez vous repéré quelque chose d'autre dans cet ensemble d'annonces ?

Post open data : Développer la culture des données ?

Les premiers jeux de données ouverts témoignaient, parfois, d'un manque de connaissance sur les mécanismes basiques de la réutilisation. Ces maladresses sont, en général, rapidement repérées et parfois corrigées par les "ré-utilisateurs"  dès que les données sont publiées. C'est un des premiers bénéfices de l'Open Data car ces "petits défauts" sont , en réalité, coûteux. Ils témoignent  d'un manque de maîtrise des données et d'efficacité dans les processus internes à l'entreprise.

En voici deux exemples concrets :
  1. La mise en forme des données est, souvent faite avec beaucoup de soin. Il s'agit de faciliter l'interprétation des données pour des lecteurs pressés. Cette interprétation "par défaut", constitue, souvent involontairement, un obstacle à la réutilisation et à la réutilisation automatisée en particulier. Les fichiers orientés "visualisation" : pdf, fichiers issus des suites bureautiques Microsoft, ou de logiciels de création graphique... si pratiques pour présenter des données à un auditoire d'humains, ne se prêtent pas toujours à une utilisation directe par une machine. Simon Chignard évoque ce sujet avec un exemple précis dans données brutes ou données contextualisées. A l'inverse, des tableaux type "base de données" listant simplement un objet par ligne et une valeur décrivant l'objet par colonne permettent de faire abstraction de toute mise en forme. La réutilisation est alors facilitée même lorsque le "parti pris" du ré-utilisateur n'est pas celui de l'éditeur. Des formats de données type xml, csv, json sont particulièrement adaptés à la réutilisation parce qu'ils interdisent la "mise en forme". On gagne en ré-utilisabilité ce qui est perdu en lisibilité ! et on s'achemine vers la généralisation des API au sein de l'entreprise... Mais c'est un sujet dont on reparlera !
  2. La production de versions régulièrement actualisées d'un fichier ou la production de plusieurs fichiers complémentaires sur un même thème est un cas d'usage fréquent en entreprise. Pour relier les grandeurs concernant un même objet dans les différents fichiers il est nécessaire de recourir à un identifiant... Et là les choses peuvent se compliquer ! Un exemple classique dans le domaine du transport est celui des gares ou des arrêts. Le nom des arrêts ne constitue, en effet rarement, un identifiant stable. En pratique le nom pourra-t-être écrit en majuscule, en minuscule, avec ou sans abréviation (CDG, St Lazare, F. Mitterrand...). Le recours a un identifiant numérique univoque (si possible un code numérique) est loin d'être systématique. Il est pourtant nécessaire pour une réutilisation automatique rapide.
La culture des données ne se limite pas à ces deux exemples un peu triviaux. Sans aller jusqu'à la "big data", une réflexion modeste et pratique sur les outils et les processus de traitement des données dans l'entreprise peut apporter des gains importants. C'est ce qu'explique brillamment Matti Keltanen dans The Guardian.

Les hackathons, internes et externes et autres labs peuvent être de véritables catalyseurs pour la culture de la donnée en sensibilisant les acteurs par l'expérimentation.

Metrography by Benedikt Groß & Bertrand Clerc
Une certaine considération managériale pour l'analyse quantitative dans les décisions d'entreprise est cohérente avec le développement de la culture de la donnée et est, évidemment,  susceptible d'en favoriser la diffusion. Cela n'est pas acquis dans les entreprises qui valorisent parfois l'analyse qualitative voire l'intuition, ou "l'opinion des personnes dont le salaire est élevé" (les fameuses "Highly Paid Person Opinions" évoquées dans cet article Votre entreprise est elle plutôt Data ou Hippo ?) .

L'Open Data Institute britannique fait de la promotion de la data culture un objectif  de premier plan. Le mécénat d’œuvres artistiques utilisant des données est un des moyens utilisés.

Cela donne un air un peu excentrique à l'open space de l'ODI. On y trouve par exemple ce distributeur qui libère ses produits lorsque le mot "recession" est utilisé sur la BBC (une oeuvre particulièrement coûteuse en ce moment) ou cette "metrography" de Benedikt Groß & Bertrand Clerc qui distord une carte pour la faire correspondre au plan du métro de Londres.

Dans un registre similaire, mais plus démocratique, les agitateurs de La Fonderie avaient réalisé l'Expoviz en 2012 dont le site mérite le détour et une exploration approfondie.

Alors, quels sont, pour vous, les moyens de développer la culture des données dans nos entreprises et administrations ? est ce un enjeux ?

Cet article fait partie d'une série "post open data" introduite par Open data dans les transports en Île de France : et après ?

Open Data dans les transports en Ile de France : mais après ?

Le temps passe, le monde bouge et les données du transport public s'ouvrent ! même à Paris... 

La RATP vient d'annoncer un OpenDataLab et d'après les exemples d'applications proposées; il se pourrait bien que les données horaires soient ouvertes à cette occasion (5 000€ pour le premier prix !).

JCDecaux vient d'ouvrir les données des Vélib pour une vingtaine de contrats dont celui de Paris. 

Door Ajar by jennaddenda, on Flickr
De nombreuses autres collectivités locales françaises se sont aussi lancées dans des opérations "open data".

Des jeux de données inédits et intéressants sont disponibles, j'ai par exemple repéré les comptages routiers linéaires du département des Hauts de Seine ou des données d'accidentologie en France sur data.gouv.fr.

Le phénomène ne se limite, bien sûr, pas aux données liées aux déplacements et à la mobilité mais touche toutes les compétences des collectivités locales.

Tout cela doit permettre aux plus créatifs de réaliser des applications intéressantes, c'est d'ailleurs l'objet du concours moovinthecity dont le lancement est prévu le 21 juin et qui propose 25 000 € de prix.

Il semble que le mouvement soit maintenant effectivement lancé de façon irréversible et je m'en réjouit en relisant la longue liste d'articles écrits sur le sujet depuis 2009.

En même temps, beaucoup reste à faire, je vous propose de nous pencher sur ce "reste à faire" dans plusieurs articles à venir. J'aimerai notamment parler de la diffusion de la "culture des données" dans les entreprises, de la mesure du succès des opérations d'ouverture des données et aborder les perspectives ouvertes par les données liées.

Comme toujours, vos avis, idées, questions ou contributions sont bienvenues en commentaires ci dessous ou sur Twitter.

Cartographies spécialisées dans OSM : exemple au golf de Lésigny

OpenStreetMap est plus qu'une simple carte et même plus qu'une carte ouverte et participative (ce qui est déjà pas mal !). C'est aussi un véritable modèle du territoire qui peut permettre de décrire des objets géographiques particuliers répondant aux besoins de communautés parfois très spécialisées.

Un exemple récent permet d'illustrer cela de façon simple. Le terrain de golf de Lésigny se trouve en région parisienne en bordure de Francilienne. Son rendu sur openstreetmap.org est relativement similaire à ce que vous pouvez trouver sur Google Maps comme on peut le voir dans l'outil de comparaison de Geofabrik :


Pour l'automobiliste se rendant quotidiennement au boulot, pas d'intérêt majeur à recourir à OSM donc !
Mais un autre rendu ravira les amateurs de golf. Sur osmfr vous trouverez les détails des différents "trous", les bunkers :

L'emplacement des greens, des fanions, des départs, les limites du fairway, du rough ont été minutieusement renseignés par un (ou plusieurs) passionnés.

Un extrait de ces données (qui étant ouvertes, peuvent être aisèment téléchargées et analysées par tous) revèle par exemple que l'utilisateur courdi95 a créé le juin 2012 un objet de type "WAY" (qui est un petit polygone définit par les coordonnées de ses sommets) qu'il a associé aux TAGs de valeur Bunker dans la catégorie Golf et Sand dans la catégorie Natural.

Reste à rendre ces données visibles dans les outils de rendu cartographique. Par défaut, elles ne le sont pas toujours dans certaines "feuilles de style" des outils de rendu. Rien n'empêche, en revanche, le golfeur émérite, ou le webmestre d'un site dédié au golf de mettre à disposition du public un outil de rendu paramétré pour mettre ces détails en valeur. C'est ce que propose osmfr grâce au travail de Christian Quest.

Pour généraliser :
  1. Les outils de rendu ne donnent accès qu'à une partie des données existantes dans OSM,
  2. Les besoins de cartographies thématiques peuvent, en général, être traités dans OSM, 
  3. Pour motiver les mappers il convient, bien entendu, de respécter les régles de la communauté, mais aussi, de proposer :
    • un outil de rendu permettant de "voir" les détails thématiques qui vous intéressent,  
    • et éventuellement, de proposer un outil d'édition adapté pour faciliter le travail des mappers.
Le thème de ce blog n'est pas le golf, mais la mobilité et les transports publics en particulier. Dans ce domaine les cartographies thématiques : plans des lignes ou de plans des gares...  sont intéressantes. 

Dans le domaine des gares en particulier, une réflexion sur les outils de recueil et de rendu les plus adaptés pour présenter les différents niveaux des gares, les objets comme les quais, les escaliers, les obstacles, les automates de distributions, les guichets... aurait, me semble-t-il du sens.
Il s'agirait, notamment, de proposer un niveau de zoom plus fort que celui disponible en standard, une gestion des "niveaux" et un rendu des principaux objets spécifiques. 
Cela permettrait d'aller encore au delà de ce qui est fait actuellement et que nous avions déjà évoqué dans un article sur les plans de gares de France.

Geek trip : open data, open innovation et transport à Londres

Une partie des participants au Hackathon des cheminots se sont retrouvés ce vendredi et samedi pour un Geek Trip à Londres qui nous a permis de mieux comprendre ce qui se passait outre Manche en matière d'Open Data, d'Open Innovation et de transport public.

Nous avons commencé par un faire un tour à General Assembly dont l'objectif est (traduction non garantie) "de transformer les penseurs en créateurs grâce à la formation et aux opportunités offertes par la technologies,  le design et le business". Nous y avons bénéficié d'un cours accéléré sur l'écosystème des start up londoniennes. Nous en avons profité pour nous enquérir sur les initiatives les plus notables en matière de mobilité, réponses : HailO (une app qui sert à commander un taxi, pas un "faux" mais un authentique Black Cab, disponible dans 11 villes mais pas à Paris) et CitymapperLon une app qui intègre tous les modes de transports publics, y compris le vélos en libre service. Un peu plus tard, j'ai eu, enfin, le plaisir de rencontrer Joe Hughes qui m'en a fait une démonstration assez saisissante.

Nous avons continué par le London Campus et une rencontre avec Déborah Rippol de l'équipe de  Start Up Week End. Cette organisation est aussi active en France et propose des week ends aux entrepreneurs en herbe ou à tous ceux qui veulent s'impliquer dans un projet innovant.

La soirée s'est poursuivie à l'Open Data Institute qui anime l'Open Data au Royaume Uni et qui incube des start up dont le modèle économique repose sur les données ouvertes. Nous y avons rencontré le dirigeant de Placr qui propose des API à partir des données ouvertes notamment par Network Rail ; et celui de Loco2 qui distribue du train au départ du Royaume Uni et à destination de l'Europe continentale. 

Après cette journée très technologique, nous avons profité du samedi pour une visite du musée des transports londoniens. Un musée passionnant qui éclaire les rapports complexes entre la métropole et son système de transport. J'en suis reparti avec Subterranean Railway : A social history of the tube de Christian Wolmar.

Le retour s'est bien passé car les douaniers britanniques ont finalement laissé passé Gaël Musquet non sans avoir longuement et consciencieusement inspecté son sac, dont le contenu était pourtant parfaitement adapté au "Geek Trip".

A croire que l'Open Data by Simon Chignard reste une lecture subversive ! Il faut dire que pendant ce temps l'affaire de la DCRI versus Wikipedia battait son plein en France... 
Un bon week end, donc, merci notamment à Latifa, Kat et Yann pour l'organisation !

Compte rendu du Hackathon Ile de France #hackidf2030

Quelques mots sur le Hackathon Ile de France 2030 dont je vous avais parlé ici.
Cela a de nouveau été une expérience stimulante, très enrichissante et agréable. J'y ai appris plein de choses dont j'essaierai de vous parler prochainement (notamment navitia.io et  visiau) et rencontré des gens sympathiques et intéressants, bref, c'est une expérience que je recommande vivement.

Hackidf2030

Réalisations

Premier prix : Brigand Fûté ou comment faire disparaître un cadavre en Île de France... Une approche décalée du SDRIF portée de façon très drôle par l'équipe ! 
Second : Sim SDRIF un jeu type SimCity où le joueur doit, par exemple positionner un programme immobilier sur la carte en tenant compte des contraintes d'urbanisme : proximité de nuisances, zones protégées, etc... Bel exercice de développement javascript, à voir !
Troisième : Idfutur portail collaboratif visant à collecter les projets d'aménagement publics ou privés.

Autres réalisations intéressantes  :
1300 caractères  dataviz dont une des fonctions utilise les données ouverte par SNCF Transilien.
Open 15 : une réalisation d'isochrone régional en transport public intégrant les données ouvertes par SNCF Transilien et une projection de celles de la future ligne 15, malheureusement non disponible en ligne.
J'ai aussi bien apprécié l'idée et l'esthétique de post1set un projet de valorisation des lieux insolites d'Ile de France pour servir de lieux de tournages cinématographiques.

Organisation 

Loïc et Gaël qui ont assuré l'organisation de l’événement  ont veillé à ce que le hackathon soit un week end de découverte et de création. Les équipes ont été composées et les données découvertes "en live" par la plupart des participants vendredi soir et parfois samedi matin. Cela a permis d'éviter les équipes pré-constituées et  les applications préparées à l'avance. Cette spontanéité est l'un ressort essentiel de la créativité des équipes et de la réussite de l’événement.

A contrario, les équipes ne continuent, en général, pas à travailler ensemble au delà du week end et les projets, pour la plupart, ne bénéficient que de quelques heures de conception et de développement.

D'autres formats existent : concours d'applications, challenge de startups, programme d'entrepreneurs en résidence, fond d'amorçage... Autant de dispositifs favorisés par l'open data et qui peuvent permettre d'atteindre des résultats intéressants et complémentaires à ceux d'un hackathon.

Participants

Avec dix équipes composées pour la plupart de développeurs, de designers, mais aussi d'architectes urbanistes et de (quelques) cartographes, la concurrence était sérieuse. La plupart des équipes ont réuni toutes les compétences nécessaires pour produire une application réellement fonctionnelle en fin de Week End. Il m'a semblé que ce hackathon a attiré beaucoup de participantes. Est ce une évolution générale ? Est ce lié au thème ? C'est en tout cas bienvenu !

Données

Les 82 jeux de données libérés pour l'occasion constituaient un des atouts essentiels de ce week end mais aussi une véritable difficulté pour les équipes qui ont, pour la plupart, découvert la richesse et la diversité de ces données vendredi soir. 
La plateforme fournie par OpenDataSoft permet d'accéder aux données à la fois sous forme de fichier brut et via API.  L'API facilite notamment la recherche multi-critère et les recherche géographiques. 
Ces données méritent l'attention des curieux, elles couvrent de nombreux domaines, projets d'aménagement, transport, économie... Elles sont disponibles ici, certaines sont visualisées sur une carte ici
Gaël et Olivier Etienne avaient aussi monté sa "boite rouge" un serveur permettant de garantir l'accès aux données en local y compris en cas de perte du WiFi, une malédiction fréquente lors des hackathons !
Le président de région, Jean Paul Huchon a annoncé une dynamique plus large d'ouverture des données régionales, cela semble une suite nécessaire pour ce hackathon et ce d'autant plus que plusieurs équipes ont pointé du doigt l'absence de certaines données et notamment des données horaire de la RATP.

Technologie

La plupart des équipes ont utilisé OpenStreetMap, une équipe a travaillé sur OpenRoutePlanner en bénéficiant de l'aide d'Andrew pour produire une très belle démonstration d'isochrone. 1300 caractères a travaillé sur d3.js pour l'infographie géographique. 

Participez au hackathon pour l'Ile de France de demain

L'institut d'aménagement et d'urbanisme d'Ile de France, la région et la Fonderie Numérique s'allient pour organiser du 22 au 24 mars un hackathon sur le thème : 


L'idée générale est d'utiliser le format du hackathon pour travailler ensemble sur l'avenir de la région à l'horizon 2030, en s'appuyant sur des données ouvertes rassemblées et complétées pour l'occasion. Un thème central pour les grandes politiques régionales, qui est notamment présenté dans le projet de schéma directeur des infrastructures d'Ile de France

C'est une très bonne nouvelle pour tous les bidouilleurs et autres geeks et citoyens, c'est une expérience passionnante de démocratie et d'innovation participative.... C'est  surtout une excellente opportunité à ne pas manquer. Voici quatre bonnes raisons pour vous inscrire rapidement et ne manquer cet événement sous aucun prétexte  :

  1. Le thème ne peut pas vous laisser indifférent. Avec 11 millions d'habitants, un PIB comparable à celui des Pays Bas ou de l'Indonésie, l'Ile de France est un territoire clé dont les évolutions concernent  les franciliens, mais aussi l'ensemble de nos compatriotes et même de nos voisins européens.
  2. Les données qui seront disponibles sont nombreuses et intéressantes... Démographie, économie, éducation, emploi, environnement, fiscalité, habitat, loisirs et tourismes, risques... vous devriez y trouvez matière à de belles applications ou visualisations. A titre d'exemple plusieurs cartes et infographies extraites du projet de schéma directeur des infrastructures d'Ile de France sont d'ailleurs disponibles sur le site du hackathon.
  3. C'est une opportunité unique de mettre vos talents en valeur. Que vous soyez urbaniste, architecte développeur, cartographe, designer ou graphiste vous pouvez vous inscrire. Nulle doute que les meilleurs productions seront remarquées non seulement par le jury, les autres participants, mais aussi par la presse et par les décideurs régionaux : élus, dirigeants publics et privés... Un petit coup d'oeil au jury, devrait convaincre les plus exigeants : il y aura quelques pointures pour examiner vos productions ! 
  4. On pourra s'y rencontrer ! Après avoir été organisateur puis participant à deux hackathons SNCF je serai cette fois ci parmi les mentors. Il va de soi que le sujet me passionne, j'avais commencé à rassembler quelques éléments dans cet article et sur ce mini-site. Ma mission sera d'aider les participants, en particulier ceux qui s'intéressent aux questions de mobilité. Je serai en excellente compagnie avec notamment quelques connaissances : Gaël Musquet , Julie Rieg, Aurélien Fache et d'autres dont je suis pressé de rencontrer...

Mobilités, dataviz et débat public en Ile de France

L'étude des mobilités nécessite l'interprétation de nombreuses données géographiques et se prête à des analyses contradictoires et au débat politique.

Il existe de nombreux documents publics qui visent à servir de supports au débat et ils regorgent de données.  

Voici une petite sélection de cartes et autres représentations utilisées dans quelques uns de ces documents.

Si cette sélection vous donne envie d'approfondir, allez donc jeter un oeil sur ce mini site dans lequel j'ai commencé à recenser les "sources publiques sur la mobilité en Ile de France", recensement à compléter avec votre aide bien entendu !

Commençons par le SDRIF et cet intéressant graphique sur l'évolution des trafics routiers en Ile de France depuis 2000 ! et cette impressionnante baisse de la circulation intra muros à Paris.
Evolution de la mobilité automobile en Ile de France
Complété par celui-ci sur l'évolution du trafic des réseaux de transports publics sur la même période. On y voit une progression générale, l'impressionnant développement du Tramway... et la baisse des bus urbains.
Evolution de la mobilité en transport public en Ile de France

Cette croissance ne va pas sans problème de saturation comme le montre cette carte des lignes saturées en Ile de France présentée dans le "Rapport Auzanet" :
Carte de la saturation des lignes SNCF en Ile de France



Désaturer ces lignes c'est, sans doute, un des enjeux des nouvelles infrastructures du Grand Paris Express. Un enjeux qui ne fait pas l’unanimité... Pour se faire une idée, toujours dans le rapport Auzanet, on trouve des prévisions de trafic visualisées sous forme de serpent de charge :
Carte serpent de charge du Grand Paris



Des transports c'est bien, mais pour aller où ? et pourquoi ? De nouveau, les différents rapports proposent des réponses nombreuses et spectaculaires. Voici par exemple une visualisation montrant qu'une part importante des déplacements en Ile de France est interne au sein des grands bassins d'emploi. Comme quoi les habitants de Melun ne travaillent pas tous à Cergy... et c'est heureux !

Carte de la mobilité dans les bassins d'emploi d'Ile de France



Des transports pour aménager le territoire et réduire les inégalités ? Ce sont aussi des objectifs pour l'action publique. On trouve donc de nombreuses analyses géographiques et sociales. Là aussi il peut y avoir débat sur le fond, mais les cartes sont intéressantes, comme celle-ci sur le taux d'emploi en Ile de France :
Carte du taux d'emploi en Ile de France




Pas de mobilité sans impact sur l'environnement, pas d'urbanisation sans risques... C'est le sujet de ces deux cartes qui visualisent respectivement les risques et nuisances et les températures sur la région :

Carte des risques environnementaux en Ile de France

Carte de températures en Ile de France

Enfin, il est parfois utile de mettre la situation actuelle ou les prévisions en perspective historique. De nouveau l'approche cartographique permet de dégager la tendance :
Cartes de l'urbanisation en Ile de France

En conclusion, on ne peut que féliciter les auteurs des ces rapports pour leurs efforts artistiques, leurs compétences indiscutables et leur talents pédagogiques. 

On peut aussi regretter que seule une fraction des données permettant de construire ces visualisations soit ouverte et accessible au public. 

Une plus grande ouverture permettrait, peut être, de donner une dimension nouvelle au débat public. Un coup d'oeil à certains de ces "travaux universitaires" vous permettra de vous faire votre opinion... C'est en tout cas le pari que fait un nombre croissant de collectivités et d'acteurs publics. 

J'en profite, pour saluer la réalisation du département des Hauts de Seine qui vient d'ouvrir http://opendata.hauts-de-seine.net/. Le site est propre et bien fait et il publie, par exemple, ces comptages routiers linéaires qui permettent d'évaluer le trafic sur les principaux axes du département...   

C'est pourquoi il existe, aussi, une rubrique open data sur mon mini site "Ressources sur la mobilité en Ile de France", forcément incomplète, mais qui n'attend que vos propositions d'ajouts !

Benchmark des comptes Twitter du transport public

Il y a presque un an, je réalisais la première version d'un tableau comparatif des comptes Twitter de plusieurs réseaux de transport public (voir l'article). Depuis, j'ai réalisé plusieurs itérations (et corrigé quelques bugs...), avec un an de recul, voici quelques résultats :

Les transports publics latino américains dominent sur Twitter

Santiago du Chili est en tête, suivi par Transmilenio de Bogota et Metro de Mexico : avec respectivement 260 000, 144 000 et 125 000 abonnés, ces trois là dominent largement les réseaux américains, européens et même asisatiques ! (N.B. je n'ai aucun compte japonais dans mon panel, si vous en connaissez, merci de les indiquer en commentaire !).


Twitter est un canal d'information adapté au "mass transit"

Les chiffres importants démontrent que Twitter peut être un canal d'information de premier plan pour les réseaux de transports urbains les plus importants. Il semble que même avec pluys de 250 000 abonnés, la croissance de Santiago ne se ralentisse pas et soit, en proportion plus forte que celle de Londres, qui a pourtant "profité" des jeux olympiques cette année.

Transilien et RATP sont en marche, mais il reste du chemin !

L'utilisation d'une échelle logarithmique (!) est nécessaire pour comparer les performances de nos réseaux franciliens avec ceux du haut du classement. Le diagramme ci-dessous illustre les progrès depuis respectivement le 5 mai pour Santiago et le 13 mars pour le REC C, le nombre d'abonné est sur l'axe vertical, le nombre de tweets émis sur l'axe horizontal. 
La performance du RER C ou des lignes RATP observables depuis quelques mois sont néanmoins bonnes, il faut probablement généraliser et continuer à professionaliser les animateurs.

Plus de Tweets c'est, souvent, plus d'abonnés

Le ratio abonnés/nombre de tweets émis, est très variable. @BTS_SkyTrain a plus de 100 abonnés supplémentaire pour chaque tweet émis, là où @Metra gagne péniblement un abonné pour 5 messages en moyenne... 
Un petit coup d'oeil au contenu des messages (même si je ne comprends pas le thaï) montre que les voyageurs semblent préférer les messages variés et rédigés par un authentique rédacteur à ceux formatés par une machine.... Étonnant ? 

Autres conclusions ? cherchez vous mêmes !

Si vous vous sentez une âme de data scientist, vous pouvez probablement trouver bien d'autres faits intéressants dans ce tableau et cette data viz que vous pouvez manipuler vous mêmes. 

N'oubliez pas que je suis preneur de vos remarques en commentaires !

N.B. pour des raisons de lisibilité, je ne peux pas ajouter trop de réseaux. Je privilégie les "gros réseaux urbains" et les comptes des exploitants (pas les comptes amateurs, dont certains sont pourtant très suivis). Si vous en trouvez qui seraient oubliés, signalez-les moi. Merci.

Le Crowdfunding pour financer la mobilité et les transports ?

Le crowdfunding (ou finance participative d'après Wikipedia), c'est une souscription publique, une pratique qui connait un renouveau certain sur Internet pour toute sorte de projets. 

Kickstarter, un des principaux acteurs sur ce marché, annonce avoir permis le financement de plus de 34 000 projets pour un montant total de plus de $386 millions. Certains projets, bénéficient du soutien d'une large communauté et rassemblent des montants importants : plus de $10 millions par exemple pour Pebble, un projet de montre communicante.

Les projets de mobilité et de transports publics peuvent ils bénéficier de ce genre de financements ? et si oui, à quelles conditions ?  Pour commencer à répondre à cette question voici un parcours au travers de quelques  projets liés de près ou de loin aux transports publics sur les sites IndiegogoKickstarter et neighbor.ly.

Des vacances pour Karen accompagnatrice de bus scolaire

Empathie, émotion et solidarité sont des ressorts efficaces pour le crowdfunding. Certains sites se spécialisent même dans les demandes de financements pour des personnes malades. En 2012, une vidéo montrant une accompagnatrice scolaire âgée harcelée par des ados lors d'un voyage scolaire en bus à "fait le buzz". En réponse, une campagne intitulée  "Lets Give Karen -The bus monitor- H Klein A Vacation!" a rassemblé plus de $700 000 permettant ainsi à Karen de s'offrir, non plus des vacances, mais une retraite qu'on imagine méritée.

Productions artistiques et culturelles urbaines

Le crowdfunding est bien adapté aux projets artistiques, notamment lorsque l'artiste dispose d'une communauté de "fans" déjà active. On trouve de nombreux projets artistiques liés au transport public, certains semblent particulièrement intéressants et ambitieux comme ce projet sur le développement urbains en Chine vue travers les témoignages de trois conducteurs de taxi de Beijing ($11 000). La "bande annonce" vaut le détour !
RED line D.C. a rassemblé  $3 505 pour un documentaire sur les voyageurs, les riverains, les artistes et les touristes utilisant la ligne du même nom à Washington D.C.

Mind the gap, est un documentaire sur la mobilité urbaine durable actuellement en cours de tournage,

Dans le cas du projet beautifying LIRR, la mobilité n'est plus le thème, mais le support de l'oeuvre. Il s'agit proposer aux voyageurs de la ligne un paysage "amélioré" par des épreuves photographiques artistiques géantes collées sur les murs le long des voies.

Communications politiques

La présentation du projet, sa perception par le plus grand nombre, l'usage des réseaux sociaux pour diffuser la campagne sont des éléments clés pour le succès des campagnes. Il n'est pas sûr que ces outils soient particulièrement bien maîtrisés par les décideurs publics traditionnels. Ainsi, ce projet pour financer une campagne de communication en faveur d'une taxe pour les transports publics à Toronto semble "ramer". A l'inverse, le mouvement Occupy à Portland n'a eu aucun mal à rassembler les fonds nécessaires pour son projet de publicité dans les transports publics.

Cartes, guides et app pour les transports publics

Certains proposent des projets de "cartographies des transports" comme ce plan des trains de Californie façon plan de métro ou ce guide des transports avec indication de la fréquence de passage à Cincinnati.

Un projet récent s'inscrit dans une démarche ambitieuse portée par l'équipe d'Urban Launch Pad et propose d'élaborer la première carte des bus de Dhaka (Dacca) capitale du Bengladesh (18 millions d'habitants).


Enfin, un projet visant à réintroduire les transports publics dans l'iPhone a opportunément récolté $26 000 en surfant sur l'émotion suscitée par le fiasco cartographique d'Apple dont nous avions parlé dans cet article.

Vélos en libre service

Le site neighbor.ly est réservé aux collectivités locales qui souhaitent faire appel au public pour financer leur projet. Il méritera probablement un suivi régulier. On y trouve; notamment, une association à but non lucratif proposant de participer au financement du projet de vélo en libre service de kansas City. Ce projet affiche $419 298 récoltés en proposant notamment à des entreprises de parrainer une station ou un vélo et à des particuliers d'acheter des abonnements par anticipation.