J'emprunte cette question à Hal Varian dans la vidéo ci-dessous. Hal Varian est économiste. Il travaille notamment sur les apports économiques des transactions informatiques. Sur Internet tout, ou presque, peut être mesuré, analysé, comparé et optimisé. Logiquement, la diffusion d'internet dans les processus d'entreprise devrait donner lieu à un renouveau de l'analyse quantitative. Mais cette opportunité est souvent ignorée au profit de mode de décision plus... traditionnels !
D'où la question : la prise de décision dans votre entreprise s'appuie-t-elle plutôt sur des Data : des données, des tests... bref du quantitatif ou sur des Hippos ? Les Hippos sont les Highly Paid Person Opinions, c'est à dire les opinions des personnes bien payées ! Typiquement celle de votre patron ! Au delà de cette boutade, Hal Varian aborde plusieurs points fondamentaux dont chacun mériterai un exposé spécifique :
- Le rôle de l'immatériel dans l'accélération de l'innovation,
- Les 4 apports des échanges informatisés :
- De meilleurs contrats : plus d'information permet d'affiner l'offre et de proposer des contrats mieux adaptés. Après des exemples historiques, Hal évoque des contrats d'assurance automobiles qui prendraient en compte la vitesse à laquelle les clients conduisent, ou les évolutions constatées sur le marché de la location des vidéos.
- La possibilité d'extraire et d'analyser des données bien au delà de la "comptabilité" traditionnellement associée au contrat. C'est là qu'il évoque les Data et les Hypos.
- La possibilité d'expérimenter de façon continue et contrôlée, il explique que Google et Bing font continuellement évoluer leurs algorithmes en s'appuyant sur les résultats de plusieurs milliers d'expérimentations très limitées effectuées chaque année sur un petit pourcentage des internautes.
- La personnalisation : c'est la possibilité de proposer une offre différente à chaque client, mais aussi d'analyser les comportements qui en résultent. Hal n'élude pas la question de la protection de la vie privée, mais il l'aborde sous un angle... économique !
Bref, food for thought comme disent les anglo-saxons ! la déclinaison de ces réflexions dans le domaine du transport public, à l'heure où les titres de transports (les "contrats") se dématérialisent, ouvre notamment les propositions suivantes :
- des meilleurs contrats : des titres de transports flexibles en fonction des heures et des itinéraires, une sorte de yield management pour le transport public,
- mieux exploiter les données : au delà des données d'offres dont on a déjà parlé, beaucoup d'autres données mériteraient d'être analysées. Peu de choses sont faites des masses de demandes d'itinéraires quotidiennement soumises par les internautes sur les sites des exploitants... Qu'en sera-t-il des données issues de la dématérialisation des titres de transports ?
- l'expérimentation et l'amélioration continue des produits d'information est une pratique à adopter, au moins pour les réseaux les plus importants. De nouveau pourquoi ne pas la transposer dans le domaine de la distribution ?
- la personnalisation des offres devient, elle aussi possible, avec le développement de la vente en ligne et l'avènement des titres sur téléphones portables.
D'autres idées ?
2 commentaires:
article intéressant ! Oui c'est sûr, les données peuvent transformer les transports comme tout autre secteur, reste (comme ailleurs) la question de qui peut y accéder, dans laquelle les autorités publiques de transport ont un rôle clé à jouer.
Il y a au moins un 5ème cas d'utilisation des données à ajouter, dans cet esprit : la diffusion au 'public' d'informations et (si possible de données brutes) sur l'offre de transport (fréquence, régularité, fréquentation, etc.), sur les études et projets en cours, sur les dépenses... le public (au sens large) est peut-être le meilleur régulateur, si il a des infos transparentes pour évaluer et faire évoluer les dépenses publiques en matière de transport (ce serait vrai aussi pour l'énergie, les finances ou d'autres secteurs).
Bien cordialement
patrick gendre
Hal Varian travaille chez Google si je ne me trompe pas. Il faut certainement voir dans cette affirmation de principe (les données plus que les Hippos), une influence de l'un sur l'autre. Car chez Google, les opinions, les sentiments ne comptent pas, comme nous l'apprenait Marisa Meyer. L'important, c'est les données : http://www.businessweek.com/smallbiz/content/sep2006/sb20060927_259688.htm
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