Maas : la feuille de route d'ATEC ITS France dans le cadre de Mobilité 3.0

Je profite de ce WE froid et humide pour revenir sur la Feuille de route Maas (pour Mobility as a service) de l'ATEC ITS France.
Ce document, que je vous engage à lire si vous êtes intéressé par la billettique et l'information multimodale, présente à la fois une vision de ce qu'est le "Maas" et les modalités possibles de son déploiement, des recommandations sur lesquelles je vais revenir, mais aussi un état des lieux intéressant. L'état des lieux porte notamment sur les technologies : billettiques et information multimodale dans un tableau synthétique intéressant proposé en annexe. 

L'état des lieux liste aussi les atouts et les caractéristiques nationales qui font obstacle à la mise en oeuvre de la vision... On y trouve notamment :

  1. "Une priorisation insuffisante des investissements publics sur les territoires à enjeux: les villes, communautés d’agglomérations et les métropoles déploient peu de solutions relevant de l’information ou de la billettique multimodale
  2. La multiplicité des acteurs, l’absence de chef de file, qui pénalisent la gouvernance, complexifient les projets, surenchérissent les couts et les délais
  3. La nécessité de déployer des solutions pour le plus grands nombre et non uniquement pour des catégories sociales aisées des centres urbains. 
  4. La non intégration de la voiture dans le dispositif de mobilité, qui concentre 5 des 16 freins identifiés avec le plus haut score d’importance sur le manque de coopération entre acteurs de l’automobile et de la mobilité. 
  5. Le manque de données (en particulier routières) et la qualité des données permettant de construire des services de haut niveau."
Les recommandations sont priorisées et réparties en 4 axes : Connaître, Innover, Déployer, Organiser... Les plus prioritaires sont : 

Quatre propositions relatives à l'intégration de la voiture  : 
  • "Le développement des incitatifs de covoiturage (tarifaires, temps de parcours : voies réservées, ouverture des couloirs bus, ...) et les dispositifs de contrôle."
  • "Le déploiement de moyens pour disposer de la données temps réel de trafic routier (boucles, FCD, ...) L’évolution de la tarification de la mobilité au niveau des bassins de vie afin de favoriser la mobilité durable là où des alternatives existent (tarification centrée sur l’usage, simplification des tarifications, intégration de la voiture en favorisant le covoiturage, ...). "
  • "Permettre aux AOMD de mettre en place des péages urbains, ou une tarification de la voiture intégrée aux autres mobilités. "
  • "Le développement de projets de covoiturage périurbain rassemblant agglomérations et des acteurs de la filière automobile intégré à la billettique multimodale. "
Puis des actions relatives aux données de mobilités :
  • "Le passage aux actes sur l’ouverture des données publiques, l’accès à de nouvelles données publiques et la disponibilité des données privées en mode partenarial, en veillant cependant à l’équité concurrentielle",
  • "La création de plateformes territoriales, au bon niveau selon les situations permettant de rassembler l’ensemble des données en un seul point, ce qui facilite la création de services totalement multimodaux." 
Enfin, des actions liées à la gouvernance :
  •  "avoir un chef de file sur la mobilité ce qui est clef pour faciliter le déploiement du MaaS. Plusieurs pistes sont à explorer..."
  • "Déployer des structures de droit privées pilotées par les AOMD et des partenariats pour porter l‘information multimodale et la billettique multimodale sur les territoires." 
  • "Mettre en place un groupe Filière Automobile / AOMD / Opérateurs de transports collectifs / Opérateurs de covoiturage, sur le partage des données GPS / géolocalisées des voitures, la complémentarité covoiturage/TC, le montage de projets afférents." 
et des actions liées aux besoins en financements et à la capitalisation des expériences.

Ce dernier paragraphe porte une conviction d'ordre architecturales, je cite : "Il s’agit clairement de se focaliser sur les innovation et investissements relatifs aux architectures MaaS dites en back office, et donc à exclure du champs de ces financements les systèmes de billettiques dites media centric"
Je ne doute pas que cette phrase puisse être âprement discutée et même contestée par les partisans des systèmes "media centric", et j'en connais... 
Les tenants de ce débat opposent les systèmes de billettiques dans lesquelles le voyageurs porte un dispositif d'authentification, la vérification de ses droits (ou le calcul du sa redevance) se faisant en central (en "back office") à ceux qui considèrent que le voyageur doit porter ses droits localement.... Le premier défendent l'ABT pour Account Based Ticketing.
Pour ma part,je ne souhaite pas prendre position dans ce débat que je trouve vain comme la plupart des convictions générales en matière d'architecture technique. Je crois qu'une architecture technique doit répondre à des besoins et des contraintes spécifiques dans le cadre d'un projet donné.

Au final, un document synthétique et intéressant qui va m'inciter à suivre plus régulièrement les productions de l'ATEC ITS.

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