Bitcoin, agents ou entreprises distribués autonomes et mobilité

(N.B. Cet article a été mis à jour le 31/12/2014 pour clarifier le mécanisme "scellant" le blockchain)
On a beaucoup parlé de Bitcoin et souvent pour de mauvaises raisons : son caractère spéculatif (voir l'évolution du cours ci dessous), les trafics qui peuvent y recourir.


Cours du Bitcoin en $ (source Google)

D'après Google Trends on en parle moins, mais on a peut être tord aussi. En effet, les mécanismes qui sous tendent Bitcoin, en particulier BlockChain ont des vertus dont on est loin d'avoir imaginé toutes les conséquences.

L'objectif général est de sécuriser les transactions numériques. Classiquement, elles fonctionnent de la façon suivante :
  • au départ vous disposez d'une valeur, 
  • un acheteur se présente, vous vous mettez d'accord sur un contrat qui, en général, définit que vous transférez la propriété de la valeur une fois reçu un paiement de l'acheteur. 
  • L'acheteur, procède à un paiement électronique via un système dans lequel vous avez confiance. Plus précisément, il obtient que sa banque vous remette un certificat sécurisé attestant que la transaction est faite.
  • En cas de litige ou d'escroquerie, le tiers de confiance peut être saisi et dans certains cas il assumera financièrement une partie des pertes.
Une des innovations principales de BitCoin est le BlockChain. Il s'agit d'un registre sécurisé des transactions qui garantit l'authenticité des transactions sans recourir à un tiers de confiance.
Le registre est au contraire très largement diffusé, accompagné d'un sceau numérique (en anglais hash, et en français : "hachage") garantissant l’intégrité du registre. Lorsque vous disposez du sceau et du registre il est facile de vérifier si ils correspondent ou pas grâce à un algorithme rapide.
Dans le cas du BlockChain, la construction d'un sceau correspondant à un registre est, volontairement, très coûteuse en temps de calcul.
Entre deux versions du registre, les nouvelles transactions sont transmises à l'ensemble des dépositaires du registre. Chaque dépositaire vérifie que ces transactions sont légitimes (ie : que le compte de l'acheteur est solvable et  permet bien de réaliser la transaction).
Périodiquement, le calcul de chaque nouveau sceau pour chaque nouvelle version du registre est assuré par un grand nombre de contributeurs qui offrent une puissance de calcul suffisante.
Au début, la communauté est réduite, les sceaux sont plus faciles à calculer et les contributeurs sont rémunérés. Plus la communauté grandit moins les contributeurs sont rémunérés et plus le coût de caclcul des sceau augmente. Mais ceux qui disposent de BitCoins, ont de plus en plus intérêt à contribuer à la protection de leur pactole.
En régime de croisière, BitCoin oppose la puissance de calcul de la communauté "légitime" à celle d'un éventuel hacker ou plus probablement à une communauté d'attaquants. La description complète du mécanisme est disponible en anglais ici.
Ces mécanismes permettent de bénéficier des avantage suivants :
  • La confiance dans un tiers n'est pas nécessaire, seule compte la taille de la communauté.Ces systèmes dits "trustless" échappent ainsi aux vulnérabilités inhérentes aux tiers de confiance. Dans un monde où les technologiques, économiques et géopolitiques évoluent rapidement, cette caractéristique a de quoi séduire...
  • Le système est réparti et est à l'abri de la défaillance d'un de ses participants ou d'un attaque locale c'est plus sûr que les espèces ou qu'un compte en banque.
  • Les utilisateurs sont anonymes. Le registre des transactions est publique, mais l'identité des intervenants reste secrète. Le lien entre la transaction et les parties qui la réalisent n'est pas accessible sans l'accord des parties elles mêmes.Dans un mécanisme bancaire classique, les transactions sont aussi secrètes, mais le protection du secret dépend d'un tiers de confiance. 
  • Dans un système qui n'a plus à gérer l'établissement de relation de confiance, les coûts de transaction restent faibles, potentiellement nuls, ce qui n'est ni le cas des espèces, ni celui des monnaies bancarisées,
  • Les transactions sont facilement programmables, ce qui pourrait sans doute être le cas des monnaies bancarisées, mais qui est en quelque sorte "natif" pour Bitcoin. Des contrats sophistiqués peuvent être signés, qui donneront lieu à des transactions conditionnelles. Un exemple est donné par Simulfunding : il permet à des participants à une collecte d'indexer le montant de leur donation sur la donation des autres. Certains imaginent déjà de véritables entreprises "programmées" qui produiraient des services payant, en rémunérant ses sous traitants, sans autre intervention humaine que leur programmation initiale. 
    • Les plateformes de services de mobilité, qui rapprochent la demande et l'offre et qui sous traitent à des conducteurs et vendent à des passagers ou à des chargeurs, sont des candidats pour ces agents autonomes et programmés.
    • Un autre exemple "classique" imagine un futur proche ou lles automobiles les plus pressées proposeraient de micro-payer automatiquement celles qui leur laissent la priorité.
  • Enfin, ces mécanismes sont génériques, ils peuvent s'appliquer à une monnaie, mais ils peuvent aussi être mis en oeuvre pour d'autres schémas qui ne fonctionnent, pour le moment, que via un "tiers de confiance". C'est aujourd'hui le cas de la grande majorité des services numériques. Ils reposent sur des échanges bilatéraux entre un client local et un "serveur central". Cette relation est asymétrique. Le serveur est le seul à voir "toutes les transactions", il est seul garant de la confidentialité et de la sécurité du service. On peut imaginer une nouvelle génération de service dont la sécurité (confidentialité et intégrité des données des utilisateurs, intégrité du service) sont garanties par une vaste communauté activement impliquée dans l'utilisation du service. 
Cette généralisation du blockchain semble être un des objectifs d'Etherum une plateforme qui fera peut être l'objet d'un prochain article, mais dont on parle déjà beaucoup : içi, là en français, ou .
Pour ceux qui doutent encore du sérieux des "crypto monnaies", je suggère la lecture d'un rapport du sénat français