Réglementation et mobilité en débat aux Etats Unis

Le premier accident mortel impliquant un véhicule Uber en mode autonome et un piéton a eu lieu le 20 mars 2018. Quelques semaines après, les révélations concernant le traitement des données personnelles par Facebook et Cambridge Analytica ont conduit à l'audition de Mark Zuckerberg par le congrès américain. Ces deux événements ravivent le débat sur la réglementation et l'innovation aux USA en général et en Californie en particulier. 

Citylab titre "il est temps de réglementer la technologie des Smart Cities". Laura Bliss dénonce le "laissez faire" des autorités américaines plus préoccupées par la promotion des entreprises innovantes que par la protection des citoyens. Elle souligne les risques importants liés non seulement au traitement des données de mobilités mais aussi  à la sécurité physique des voyageurs.

Jeff Spross dans The Week du 8 mars, estime que les véhicules autonomes sont surfaits (overhyped). Il montre que les bénéfices liés à la diminution des embouteillages et de la pollution ne sont pas liés à l'automatisation des véhicules. L'automatisation qui rendrait les déplacements automobiles plus souples, moins chers et plus confortables, pourrait au contraire aggraver la congestion et la pollution. Les mesures réellement efficaces : augmentation du partage des véhicules (autonomes ou pas), l'électrification massive et développement des transport public demandent des décisions publiques difficiles à prendre ! The New York Times produit une belle infographie sur le même sujet intitulée Automated Vehicule Can't Save Cities avec à peu près le même argumentaire.

La décision publique c'est, d'ailleurs, explicitement le champs d'action de SideWalk Labs filiale d'Alphabet qui souhaite "accélérer l'innovation urbaine et être un phare pour les villes autour du monde" ("we’re creating a new type of place to accelerate urban innovation and serve as a beacon for cities around the world"). Elle est notamment active à Toronto où elle teste Replica un outil qui promets de mettre la données au service de la gouvernance, mais sur lequel peu d'informations sont disponibles pour le moment (seule une partie des principes de traitement est ouverte).

Les universitaires américains étudient aussi les liens entre innovation et réglementation. C'est le sujet de Is It Time for a Public Transit Renaissance? Navigating Travel Behavior, Technology, and Business Model Shifts in a Brave New WorldSusan Shaheen et Adam Cohen de ITSBerkeley y formulent quatre propositions pour les autorités de transport :
  • développer des partenariats public/privé, notamment pour développer l'offre de transport à la demande pour améliorer le rabattement et la diffusion à partir des lignes régulières et proposer des services moins coûteux à la place des lignes les moins fréquentées,
  • l'avènement des véhicules autonomes (sur le quel les auteurs ne partagent pas les doutes de Jeff Spross) devrait encore accélérer la tendance,
  • d'accélérer l'ouverture des données, de nouer des partenariats public/privé pour mieux les exploiter et même d'envisager d'obliger certains acteurs à fournir des données de reporting,
  • enfin, il rappelle que les services de transport doivent rester abordables et leur accès équitable.

Sur le même sujet et des mêmes auteurs, Shared Mobility Policy Briefs fait des propositions plus précises dans le cadre spécifique de l'Etat de Californie. L'état de Californie devrait, par exemple,  obtenir l'accès aux données des acteurs privés en contrepartie de l'utilisation de droits de passage dans l'espace public. Je copie ci dessous les recommandations relatives aux "applications mobiles et données impactant les transports" et vous encourage à lire le document en intégralité:


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